En mai 2022, l’effondrement de la cryptomonnaie Terra (LUNA) a illustré les risques de la spéculation dans les actifs numériques, mettant en lumière des failles structurelles et une volatilité qui menacent la stabilité du marché. Cet événement, marqué par un retrait massif de capitaux, a déstabilisé l’écosystème Terra/Luna, un coup dur pour les investisseurs et une illustration des risques potentiels dans la finance décentralisée.

Face à ces dérives, une idée se dessine : et si l’on créait un patch pour Bitcoin visant à réduire la spéculation tout en maintenant sa nature décentralisée ? Cet article explore cette initiative, qui pourrait bien marquer un tournant dans l’histoire des cryptomonnaies.

L’idée d’un patch pour Bitcoin

Depuis sa création en 2009 par le mystérieux Satoshi Nakamoto, Bitcoin a été conçu comme un moyen d’échange numérique, décentralisé et transparent, échappant aux contraintes des systèmes financiers traditionnels. Cependant, l’essor rapide de Bitcoin et son usage spéculatif ont détourné cette vision initiale, le transformant en un actif de trading volatil.

Un concept a alors émergé pour réduire la spéculation : l’élaboration d’un patch, ou d’une « fourche » (fork) de Bitcoin, qui limiterait la capacité de transfert de fonds d’un portefeuille. En pratique, le patch imposerait une règle de dépense plafonnée à 30 % du montant investi par période de trois mois.

L’objectif ? Favoriser une utilisation de Bitcoin en tant que réserve de valeur à long terme et réduire les fluctuations de prix provoquées par des mouvements de capitaux massifs et soudains.

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Un frein à la volatilité pour une adoption durable

Cette limitation des retraits répond à une logique de stabilisation : en décourageant la revente rapide des actifs, elle pourrait contribuer à limiter les fluctuations extrêmes des prix et à créer un environnement de marché plus sain. Cette approche alignerait Bitcoin sur l’objectif de monnaie décentralisée et d’outil d’échange, plutôt que d’instrument de spéculation.

« L’objectif n’est pas de restreindre la liberté des utilisateurs, mais de renforcer la stabilité de l’écosystème Bitcoin et d’encourager une croissance naturelle et durable, » explique Stéphane Morico, expert en cybersécurité et porteur du projet.

Défis et opportunités techniques

La mise en place de ce type de patch présente toutefois des défis techniques. L’inclusion d’une restriction de dépense directement dans le protocole de Bitcoin nécessiterait des modifications dans les algorithmes de consensus et la gestion des transactions, garantissant que les fonds ne peuvent être retirés qu’à des intervalles définis. En parallèle, il serait essentiel de respecter l’architecture décentralisée de Bitcoin, évitant toute centralisation excessive.

Ce type de fourche soulève aussi des questions d’interopérabilité avec les blockchains et portefeuilles qui ne suivent pas cette logique de limitation. Cependant, les partisans du projet estiment que ces défis peuvent être surmontés par une gouvernance communautaire et un développement collaboratif, basé sur les valeurs fondatrices de Bitcoin.

Enjeux éthiques et économiques

Sur le plan économique, limiter les flux de capitaux pourrait réduire l’attrait pour les investisseurs institutionnels qui recherchent la liquidité et les opportunités de gains rapides. Cependant, cela pourrait attirer un autre type d’investisseurs, cherchant une valeur refuge stable, et conférer à Bitcoin un rôle de monnaie de réserve numérique, plus proche des valeurs initiales de la cryptomonnaie.

D’un point de vue éthique, ce projet soulève des questions intéressantes sur le rôle des cryptomonnaies dans la société. Doit-on concevoir des mécanismes de régulation interne pour éviter des dérives que la finance traditionnelle connaît déjà ? Ce patch pourrait constituer un modèle pour une économie numérique plus durable, respectant les valeurs de transparence et de décentralisation.

Une initiative open source

L’initiative est ouverte à tous ceux qui souhaitent participer à son développement. Un compte GitHub dédié a été créé pour permettre aux développeurs de contribuer au projet, avec l’objectif de publier le code sous licence GPL une fois qu’il aura atteint sa maturité.

« Ce projet vise à démontrer qu’il est possible de créer une cryptomonnaie stable et équitable, en intégrant des mécanismes de sécurité et d’autogestion directement dans le protocole, » conclut Stéphane Morico, dirigeant de SMRC Services, une ESN à Grenoble.

Perspectives d’avenir

À l’heure où de nombreuses régulations tentent d’encadrer le secteur des cryptomonnaies, cette initiative propose une alternative fondée sur la technologie elle-même. L’adoption de ce patch pourrait offrir une alternative à la volatilité des marchés et inciter les utilisateurs à investir dans une optique de long terme, redonnant ainsi à Bitcoin et aux autres cryptomonnaies leur dimension de monnaie d’échange.

Le développement de ce patch est en cours, et chacun peut contribuer à bâtir cette vision d’un futur économique numérique plus responsable.

Si cette initiative vous inspire, rejoignez-nous sur GitHub pour échanger et contribuer au projet.